Créatifs français à New York, ils racontent leur expérience

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Partis travailler dans de grandes agences à New York, ils partagent leur nouvelle « agency life ».

Le rêve américain est tentant et les agences américaines sont attractives. Mais la barrière des visas, la différence de cultures, la distance avec ses proches… Sont autant de freins au départ.

Certains ont tout de même décidé de franchir le pas. Découvrez ci-dessous, dans un format inédit sur LLLLITLles différents parcours et les retours d’expérience de 5 créatifs français, partis trouver de nouvelles idées à New York, capitale mondiale de la publicité.

• Sergio Alonso, concepteur rédacteur chez Droga5 New York

• Martin Rocaboy et Mathieu Vinciguerra, directeurs de création associés chez DDB New York

• Cécile Pimont et Pieyre-Alexandre Treuil, team créatif senior chez TBWA\Chiat\Day New York

 

Sergio (Droga5 New York)

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Sergio Alonso, concepteur rédacteur chez Droga5 New York.

Découvrez ci-dessous le récit de Sergio, créatif espagnol et français, qui après différentes expériences en Europe est parti tenter sa chance aux USA, dans une agence indépendante pas comme les autres… Un pari qui semble largement payant et on s’en réjouit pour lui !

« Avant de répondre aux questions, je voulais clarifier que je ne parle que de mon expérience personnelle et des agences par lesquelles je suis passé. Droga5 est une agence assez particulière, je n’oserais pas dire que la manière dont les choses se passent ici soit la règle générale à New York. »

 

Le départ à New York

Comment avez-vous trouvé votre job ?

C’était un peu le hasard. Cela faisait un petit moment que j’étais dans le groupe Publicis et il était temps de changer… J’étais donc ouvert à des propositions, mais même si j’avais eu des offres intéressantes, je ne voulais pas aller n’importe où, uniquement pour l’argent.

À l’époque je m’amusais à faire de petits projets perso. C’est ce qui m’a fait tomber sur un autre créatif qui en faisait aussi à New York. Il m’a mis en relation avec une recruteuse américaine, qui nous a présentés (mon directeur artistique et moi), à l’agence Droga5.

Légalement, comment avez-vous pu partir pour les USA ?

C’est Droga5 qui a fait les démarches, pour que l’on puisse avoir un visa. Un visa d’artiste en l’occurrence.

Combien de temps ça a pris entre votre envie de partir et votre déménagement ?

Les entretiens se sont fait assez rapidement, en moins d’un mois. Puis on a regroupé nos diplômes universitaires, certificats, lettres de recommandation, articles de presse… Puis ce sont les avocats chez Droga5 qui ont fait le reste. C’est surtout le visa qui a pris du temps, mais une fois en main, Marcel a été très cool et m’a laissé partir assez rapidement.

Pour le premier round, il faut rassembler une incroyable quantité de documents.

 

L’arrivée à New York

Votre intégration dans l’agence a t-elle été facile ? Vos collègues ont été accueillants ?

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Je n’ai jamais eu un accueil aussi chaleureux. Quelques jours avant de commencer, j’ai reçu un « Welcome Pack » chez moi avec à l’intérieur : une carte de métro, une carte Starbucks et des trucs pour le petit déjeuner. En arrivant, ils nous ont fait une présentation avec l’histoire de l’agence et sa philosophie, mais aussi les bénéfices d’être employé chez Droga5. On a été invité à manger avec une autre équipe, puis avec des DC.

On a pu discuter avec David Droga et boire une coupe avec lui… Sans compter les petites attentions que tu as sur ton bureau le premier jour : des chocolats et des fleurs. Plusieurs directeurs de création sont venus nous dire qu’ils étaient là pour nous si nous avions besoin de quelque chose.

Un mois après notre arrivée, on a même reçu un email pour nous demander si on était heureux !

Sans vouloir comparer, en arrivant chez Publicis, il m’a fallu apporter mon propre ordinateur pendant presque 1 an pour pouvoir travailler… Une différence qui en dit long sur l’entreprise.

Est-ce bien vu d’être français dans une agence américaine ? Est-ce qu’il y a beaucoup de français dans votre agence ?

Le talent « Made in France » est bien reconnu ici. Mais c’est la France qui n’a pas bonne réputation. La perception du français est celle d’être prétentieux, râleur, malpoli, arrogant… Après, ce n’est pas qu’un cliché, il y a des gens adorables partout et des connards partout aussi. Ceci dit, aux USA, chaque personne est perçue de manière individuelle.

je ne pense pas que la mauvaise réputation de la France soit un problème pour un français qui souhaite travailler ici.

Bien au contraire, d’après mon expérience, l’ouverture d’esprit et la gentillesse sont largement plus présentes ici. Mais bizarrement, à ma connaissance, il n’y a aucun autre français chez Droga5.

Y a t-il un fort esprit de compétition ou plutôt une forte complicité entre les membres de votre agence ?

Contrairement à Paris où chaque brief créatif est une petite bataille qui crée des tensions et de la rivalité entre les équipes, chez Droga5 les gens s’entraident énormément. Il y a un fort esprit d’équipe.

Je pense que c’est aussi parce qu’il y a des opportunités pour tous. Le marché de la publicité aux USA valorise beaucoup les grandes campagnes, qu’elles gagnent des Prix ou pas. En France, les créatifs sautent sur les briefs qui les feront briller à Cannes. Ici tu peux te sentir satisfait et surtout évoluer, avec le travail que tu fais tous les jours.

Mis à part les créatifs, sur un plan plus général chez Droga5 il y a un véritable management. La vision de l’agence est très claire. On se réunit assez régulièrement avec David Droga et la communication est fluide. On sait tous où l’on va et ça crée une forte cohésion.

 

L’organisation d’une agence à New York

Est-ce que votre agence New Yorkaise vous semble mieux organisée et plus efficiente qu’à Paris ? Ou est-ce autant bordélique ?

De mon point de vue, Droga5 est largement mieux organisée et efficace que toutes les agences par lesquelles je suis passé. L’argent permet de mettre en place un système qui facilite le déroulement des choses. Et puis c’est à l’américaine : efficace, avec le sens du service. Quelques exemples :

• Les services informatiques sont hyper réactifs : si ton ordinateur plante, ils ne te feront jamais attendre 3 semaines pour le faire réparer ou le changer.

• Si tu as un shooting à l’étranger, ils te filent directement un portable de l’agence.

• Les chefs de projet supervisent tout de A à Z et assurent le suivi d’un projet dans toutes ses étapes.

• On a des frigos remplis à disposition, avec de la nourriture très saine.

Quels sont les horaires moyens dans votre agence ? On travaille plus à Paris ou à New York ?

Cela varie beaucoup. Il y a des vagues : des moments où tu ne comptes pas tes heures et d’autres où c’est plus tranquille. En général, ils ne sont pas très stricts sur les horaires : on arrive vers 9h30 et on repart quand on considère qu’on a fini la journée. Ils servent à diner tous soirs à 20h00 pour ceux qui sont encore là, mais ce n’est pas une incitation à te faire rester.

Si ton job est fait, personne ne viendra te faire une remarque parce que tu n’étais pas là à 9h30 ou que tu es parti à 17h00.

Depuis votre arrivée, au quotidien vous faites plus ou moins de charrettes qu’à Paris ?

Autant. Mais rien d’excessif, ni à Paris ni à New York.

Est-ce que la « vie d’agence » est plus considérée et développée à Paris ou à New York ?

Droga5 se plie en quatre pour te faire sentir bien à l’agence. C’est même inscrit dans sa définition d’agence : « Humanity Obsessed. » Il y a même un département dédié à l’intégration des salariés. Régulièrement on a des intervenants extérieurs, des cours de yoga et de méditation. Ils nous encouragent fortement à être nous-même et à nous exprimer.

Il y a un happy hour chaque jeudi et on a des « Employee Appreciation Awards » : pour chaque promotion, il y a une petite cérémonie. Il y a également un programme pour t’aider à financer et à poursuivre ta formation. Pour fêter les 10 ans de l’agence, nous sommes tous allés faire une journée de bénévolat. La semaine dernière, pour re-fêter ça, ils ont loué une partie de Governors Island pour passer une journée « en famille ». Je ne compte plus les soirées agence et si tu veux venir avec ton chien, tu viens avec lui.

Bien sûr, l’argent aide beaucoup. Mais au-delà des activités, tout ça marche parce que tu sens qu’il s’agit d’une démarche honnête. Ça ne vient pas d’un patron qui n’en a strictement rien à foutre de toi. Ce n’est pas du bullshit, c’est sincère.

Productivité créative : à chaque brief, on a plus de temps pour trouver des idées à Paris ou à New York ?

Je ne sais pas si nous avons plus ou moins de temps, ça dépend du projet, mais les choses prennent certainement plus de temps ici, à cause de la taille du marché peut-être. Parfois, c’est un peu frustrant.

 

Les salaires en agence à New York

Est-ce qu’à job égal et compte tenu du coût de la vie sur place, les salaires te semblent-ils plus élevés qu’en France ?

En France il y a un système malsain qui empêche les créatifs d’évoluer de façon naturelle et juste. Soit tu arrives à gagner des Lions, tu changes d’agence et tu augmentes ton salaire en restant dans de belles enseignes. Soit tu vas dans des agences de second rang, moins créatives mais qui paient mieux.

Ici, tu sais que tu seras mieux payé si tu vas dans un grand réseau publicitaire, moins créatif que Droga5. Mais les salaires restent plus que corrects qu’à Paris et tu ne te sens pas insulté à la fin du mois. Donc, en tenant compte de tout, les salaires sont largement plus élevés ici.

Mes collègues américains ne me croient pas quand je leur montre les MOYENNES des salaires dANS LEs agences en France…

Voir : les salaires 2016 en agence de publicité.

Les publicitaires ont-ils un meilleur niveau de vie à New York ?

Pas au début quand ils commencent. Mais ça s’améliore considérablement au fur et à mesure.

 

Conseils pour les créatifs français 

Tes conseils pour les français qui voudraient partir à New York ?

Ne soyez pas pressés. La France et l’Europe en général sont quand même de bons endroits pour apprendre et faire ses armes. Comme les pays sont plus petits, la compétitivité est plus forte et fait monter le niveau des créatifs.

Travailler d’abord dans un autre pays avant de tenter les États-Unis peut être une très bonne idée. Buchez votre anglais : bien raconter, bien présenter et bien défendre ses idées est très apprécié.

Soyez conscient qu’arriver aux USA n’est pas une consécration, mais une opportunité. une fois ici, il faut tout refaire à nouveau. C’est ça le challenge !

Merci à Sergio pour ces réponses instructives, ça donne envie !

Le parcours de Sergio, avant de partir à New York

Avant cette belle aventure dans la publicité à New York, force est de constater que ça n’a pas été simple pour Sergio Alonso. Malgré un parcours quelque peu chaotique, sa persévérance lui a permis de progresser et d’arriver dans « la Meilleure Agence de Publicité Indépendante du Monde » aux Cannes Lions 2015.

J’ai commencé dans la publicité en gagnant un concours organisé par le Club de Directeurs Artistiques en Espagne (mon pays d’origine), ça m’a permis de rentrer chez Saatchi & Saatchi à Madrid en stage, sans même avoir de book, ce qui serait impossible aujourd’hui. À l’époque j’étais à la fac (Publicité et Relations Publiques). En parallèle je prenais des cours de langues (anglais et français) et des cours pour les chômeurs (design graphique et programmation).

Un an après, j’ai eu une bourse Erasmus qui m’a permis de faire une année d’étude à Bruxelles où j’ai réussi à me faire transférer chez Saatchi & Saatchi. L’agence galérait à décoller mais ça a été une très bonne expérience professionnelle et humaine. Lors de la soirée de remise des Prix du Club des DA belges, j’ai croisé Erik Vervroegen. Je ne savais pas qui c’était mais j’étais fan de son travail. Je suis donc allé lui demander un stage. Quelque temps plus tard, j’ai pris le train direction TBWA\ Paris.

Mais ma fac n’a pas voulu me faire une convention de stage, j’ai raté ma chance. Sans me décourager, je me suis promis que je trouverais un boulot à Paris. Je logeais (de manière illégale) chez un ami dans sa résidence étudiante, puis je passais mes jours entre Pôle Emploi (où le téléphone était gratuit) et les toilettes d’un McDonald’s (où j’avais le wifi).

J’ai bossé dans un hôtel parisien pendant un été, mais je ne parlais pas vraiment la langue donc ce n’était pas toujours facile. Après pas mal d’allers-retours, Frédéric Raillard et Farid Mokart (Fred & Farid) m’ont embauché chez Marcel. Je suis arrivé au moment où Anne de Maupéou et Frédéric Témin reprenaient l’agence : c’était l’anarchie totale jusqu’à ce que les choses se soient calmées. Je suis rentré quelques jours en Espagne pour finir mes examens, décrocher mon Bac+5 et je suis revenu à Paris.

J’ai tellement appris chez Marcel ! L’agence était parmi les meilleures d’un point de vue créatif. Economiquement, c’était une autre histoire. Anne et Fred faisaient l’impossible pour sauver une agence qui coulait comme le Titanic. L’agence est passée de 60 personnes à 16…

Eric Jannon et Dimitri Guerassimov étaient les plus jeunes à la conception (à condition d’endurer leurs blagues de merde) et Nicolas Chauvin nous aidait sur la direction artistique. C’était hyper généreux de leur part !

La directrice artistique avec laquelle je bossais a décidé de quitter l’agence du jour au lendemain, ce qui m’a mis dans une position très délicate. Anne m’a alors dit : « Sergio, on t’adore, mais je ne peux pas te garder. » J’ai envie de croire qu’elle était sincère.

Je suis alors allé chez Publicis Conseil, de loin la pire agence que je n’ai jamais faite. Même s’il y a (toujours) des gens que j’apprécie énormément, je garde de très mauvais souvenirs de cette période.

J’avais représenté la France au Best Yet, j’avais été sélectionné pour faire « The Young Lions Academy » à Cannes, mais je n’arrivais pas à évoluer là-bas. J’en avais parlé avec Olivier Altmann qui était le Directeur de la Création à l’époque et qui m’avait dit « Sergio, je pense que t’as beaucoup de talent mais je n’ai pas le temps de m’amuser avec toi. » Je ne lui en veux pas, je pense que lui même était victime du groupe.

J’ai vu la fin du tunnel et le début de la lumière quand Manu et Flo m’ont proposé de revenir chez Marcel (je ne pourrais jamais assez les remercier) et quand Anne a continué de me faire confiance.

J’étais heureux chez Marcel (où je travaillais avec Sebastián Piacentini). Malgré certains dysfonctionnements, c’est une très belle agence, plein de gens talentueux qui se battent pour des idées. Je les adore. On a travaillé dur et on a pu participer à de beaux projets, jusqu’à ce que Droga5 nous fasse une offre. Et personne ne dit « non » à David.

 

Martin et Mathieu (DDB New York)

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Martin Rocaboy et Mathieu Vinciguerra, directeurs de création associés chez DDB New York.

Ils partagent aujourd’hui avec nous leur expérience américaine, sur la mythique Madison Avenue. Suite à une entrevue tous les 3 dans la « Bill Bernbach’s Room« , retour en détails sur leur vie créative à New York, 1 an après avoir quitté Publicis Conseil à l’été 2015.

 

Le départ à New York

Comment avez-vous trouvé votre job ? 

Via LinkedIn. L’agence cherchait des profils internationaux.

un message LinkedIn, un mail et 4 jours plus tard, on signait les contrats.

Comment avez-vous pu partir pour les USA légalement ?

On a des visas O1, comme les mannequins et les sportifs de haut niveau, ce qui nous va assez bien.

Combien de temps ça a pris entre votre envie de partir et votre déménagement ?

Martin : J’ai commencé à démarcher 2 ans seul et on a cherché ensemble avec Mathieu pendant 1 an.

 

L’arrivée à New York

Votre intégration dans l’agence a t-elle été facile ? Vos collègues ont été accueillants ?

Oui tout le monde a été hyper sympa. De toute façon, tout le monde est toujours hyper sympa ici. De base, t’es amazing. Tu fais une blague, t’es hilarious. Tu proposes des publications Facebook qui rebondissent sur l’actualité, t’es un fucking genius !

Est-ce bien vu d’être français dans une agence américaine ? Est-ce qu’il y a beaucoup de français dans votre agence ?

On verra si Donald Trump devient président, mais de manière générale, les New-Yorkais adorent les internationaux.

À l’agence on est 3 français (avec Clémence Friess de DDB Paris) mais beaucoup d’internationaux : argentins, espagnols, allemands… Et notre CCO, Icaro Doria, est brésilien.

Y a t-il un fort esprit de compétition ou plutôt une forte complicité entre les membres de votre agence ?

Chez DDB New York, l’état d’esprit à l’agence est très sain. Il y a de l’entraide dès que c’est possible, avec une émulation naturelle entre créatifs…

 

L’organisation d’une agence à New York

Est-ce que votre agence New Yorkaise vous semble mieux organisée et plus efficiente qu’à Paris ? Ou est-ce autant bordélique ?

Si la question est de savoir si on a des timesheets, malheureusement, oui ! Sinon, l’organisation est plus ou moins la même.

Quels sont les horaires moyens dans votre agence ? On travaille plus à Paris ou à New York ?

Nos horaires ici sont les mêmes qu’en France, à savoir qu’on compte pas les heures et qu’on travaille jusqu’à ce qu’on trouve une idée qui nous plaise. Après, la principale différence c’est la pause déjeuner. Ici tu viens avec ta lunch-box et tu déjeunes en travaillant la plupart du temps. En même temps, la cantine de Publicis Conseil ne nous manque pas trop…

Depuis votre arrivée, au quotidien vous faites plus ou moins de charrettes qu’à Paris ?

C’est assez semblable. Il y a des charrettes comme partout, peut-être un peu moins qu’en France. On a eu un nombre raisonnable de charrettes pour les compétitions et autres. Après, si t’as envie de faire des choses bien, tu passes du temps à chercher des idées, c’est vrai partout !

Est-ce que la « vie d’agence » est plus considérée et développée à Paris ou à New York ?

C’est mieux ici, on a des soirées open-bar tous les jeudis. Généralement, les employés se retrouvent un vendredi sur deux pour découvrir un nouveau bar. Il y a souvent des soirées de maisons de production et autres… À New-York, si tu n’aimes pas ton appart, tu peux y passer peu de temps !

Productivité créative : à chaque brief, on a plus de temps pour trouver des idées à Paris ou à New York ?

Le temps de conception est plus court ICI. on passe beaucoup de temps sur les présentations.

Mais je crois que ça va de plus en plus dans ce sens à Paris aussi… D’ailleurs nous avons un service de relecture pour tout ce qui est présenté aux clients. Assez pratique pour des français !

 

Les salaires en agence à New York

Est-ce qu’à job égal et compte tenu du coût de la vie sur place, les salaires vous semblent-ils plus élevés qu’en France ?

Les salaires sont beaucoup plus importants qu’en France, mais le coût de la vie est infiniment plus élevé.

Donc l’un dans l’autre…

Les publicitaires ont-ils un meilleur niveau de vie à New York ?

De facto, pas foncièrement ! Ou en apparence, vu qu’ici tout le monde est surendetté.

 

Conseils pour les créatifs français 

Vos conseils pour les français qui voudraient partir à New York ?

Les Prix restent la meilleure porte d’entrée.

Contacter les agents n’est pas toujours efficace, mais toujours intéressant. Bien garder tous les certificats des Prix que vous gagnez et une trace des articles vous concernant, vous en aurez besoin pour les visas. N’hésitez pas à commencer à chercher en amont, ça prend généralement pas mal de temps de bouger à l’international. Ne vous limitez pas à New-York ni même aux USA, il y a plein de pays passionnants pour la création !

Bonus : les français ont autant la côte sur Tinder que dans les agences. Venez célibataires !

Merci à Martin et Mathieu, bonne continuation à eux !

 

Le parcours de Martin et Mathieu

Ils se sont rencontrés chez Publicis Conseil et ont commencé à travailler ensemble en tant qu’Associate Creative Director chez DDB New York. Mathieu a travaillé chez CLM BBDO et Publicis Conseil en team avec Olivier Dermaux notamment sur les budgets Orange, Renault, Wonderbra, Stihl, Diesel, Kookaï, Pepsi Tandis que Martin a travaillé chez Marcel en team avec Souen Le Van et Publicis Conseil avec Cédric Auzannet, notamment sur des marques telles que Ray Ban, Contrex, NESCAFÉ, Orange, Garnier

 

Cécile et Pieyre-Alexandre (TBWA\ New York)

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Cécile Pimont et Pieyre-Alexandre Treuil, conceptrice rédactrice et directeur artistique chez TBWA\ New York.

Cet autre team créatif français et senior en est déjà à sa 2ème expérience américaine. Après AKQA Portland, ils ont migré au Printemps 2016 vers la East Coast, pour atterrir chez TBWA\ New York, à seulement quelques buildings de Martin et Mathieu, sur Madison Avenue.

 

Comment avez-vous trouvé votre job ?

Il faut remonter en octobre 2013. De passage aux USA pour les vacances, P-A et moi on s’est dit que ça pourrait être cool de voir des agences américaines sur place, de montrer notre book et d’avoir un avis international sur nos projets.

Le souci c’est qu’on ne connaissait personne dans la pub là-bas. Du coup on l’a fait à l’ancienne : on a fait une liste de toutes les agences à Los Angeles et San Francisco. On a été sur leur site et on a écrit à l’adresse contact@xxxx.com… On a aussi cherché les noms des directeurs de création des agences sur LinkedIn Bref on a stalké un bon nombre de personnes.

Sur au moins 200 mails envoyés, on a reçu 3 réponses de PERSONNES prêtEs à nous rencontrer. 

Ainsi on a vu les recruteurs de Goodby Silverstein & Partners, Venables Bell & Partners et AKQA San FranciscoOn a eu de très bons retours sur nos books, mais aucun n’était prêt à investir dans nos visas.

Une fois rentrés à Paris, on a continué à écrire à des agences pendant plusieurs semaines. Finalement ça a payé, on a eu une réponse d’AKQA Portland. Une recruteuse a kiffé notre book et elle a voulu qu’on rencontre le DC : après 4 ou 5 entretiens Skype, les mecs nous ont dit qu’ils étaient intéressés, mais qu’il fallait voir comment faire pour les visas.

Après 3 mois d’attente et de stress, on a enfin eu notre putain de visa et on était vraiment heureux, tant on avait l’impression qu’on arriverait jamais à l’avoir.

Comment avez-vous pu partir pour les US légalement ? 

On a eu 2 visas depuis qu’on est aux USA. Tout d’abord AKQA s’est occupé de nous obtenir un visa J1 (valable 18 mois). Après les 18 mois, c’est là que les choses se sont compliquées : on a tous les deux postulés pour un visa H1B, c’est un visa de qualification Bac+3.

Le souci c’est qu’il y a environ 300.000 demandes pour le H1B par an, pour 70.000 visas délivrés seulement. Du coup pour savoir qui obtient le visa, ils font une loterie. Moi je l’ai eu, mais pas de bol P-A ne l’a pas eu. 1 chance sur 3.

Du coup on est passé au plan B, on a postulé pour un visa O1 pour lui, c’est un visa de « capacités exceptionnelles » (haha). En gros il faut monter tout un dossier, prouver qu’on a des Prix, des articles qui parlent de nous, des lettres de recommandation… C’est pas du tout évident à obtenir, mais il l’a eu. Quelques mois après, on s’est fait embaucher par TBWA\ Chiat Day et on a transferé nos visas.

Combien de temps ça a pris entre votre envie de partir et votre déménagement ?

Environ 7 ou 8  mois.

 

L’arrivée à New York

Votre intégration dans l’agence a t-elle été facile ? Vos collègues ont été accueillants ?

Cécile : Le plus dur au début c’était de travailler en anglais. Pourtant on était quasiment bilingues, mais en bossant dans une agence américaine on s’est pris une claque. Surtout qu’on bossait pour Nike et que du coup le langage était très pointu et propre à la marque, c’était particulièrement compliqué pour moi qui suit rédac.

pour être honnête, la 1ère année c’était très dur. même pour l’égo, se faire constamment relire par d’autres rédacs, c’était pas évident.

Pour l’intégration au début c’était aussi difficile parce que c’est dur d’être complètement soi-même dans une langue qui n’est pas la tienne. Genre c’est con, mais pour faire des blagues ou être réactif dans une conversation, c’est très dur quand on n’est pas 100% à l’aise.

Après on s’est mieux intégrés avec les européens de l’agence. Je crois qu’on ne s’est jamais sentis aussi européens qu’aux USA. Il y a un vrai gouffre culturel avec les américains, on ne l’avait pas du tout vu venir. Avec les américains ca été plus compliqué, surtout dans le cadre du boulot. Il y a beaucoup de non-dits, ce sont des trucs avec lesquels on avait beaucoup de mal.

Chez TBWA\ c’est hyper différent, même si c’est difficile de comparer. Chez AKQA Portland on était 50, alors que chez TBWA\ New York on est plus de 200, donc forcément l’intégration est plus longue.

Est-ce bien vu d’être français dans une agence américaine ? Est-ce qu’il y a beaucoup de français dans votre agence ?

Chez AKQA Portland on était que 3, mais là il y une dizaine de francais chez TBWA\ New YorkJe dirais que c’est bien vu d’être francais sur le papier, après quand on en vient à travailler ensemble, ça clash rapidement. On n’a pas du tout la même vision du monde du travail.

Les américains sont très… Langues de bois. Et pas du tout clair dans ce qu’ils disent. Donc parfois on ne se comprend pas. Les rapports au travail sont très très différents, on ne s’y attendait pas.

Y a t-il un fort esprit de compétition ou plutôt une forte complicité entre les membres de votre agence ?

À Portland il y avait une forte complicité entre les créatifs. À New York, c’est forcément différent de part la taille de l’agence et de la ville. Je dirais qu’ici c’est plus compétitif.

 

L’organisation d’une agence à New York

Est-ce que votre agence New Yorkaise vous semble mieux organisée et plus efficiente qu’à Paris ? Ou est-ce autant bordélique ?

Je dirais que c’est pareil partout. La règle est la même : plus la structure est importante plus le process est compliqué. New York c’est quand même beaucoup plus speed que Paris, il y a plus de pression et on nous demande de travailler plus rapidement.

Quels sont les horaires moyens dans votre agence ? On travaille plus à Paris ou à New York ?

On a énormément travaillé en arrivant à New York, de facon démesurée. Du coup on a mis le holà et depuis on a des horaires bien plus souples et normaux.

On essaie d’être le plus efficace possible.

Selon moi aux USA les gens ont des horaires moins pénibles qu’à Paris, parce qu’on n’a que 2 semaines de vacances par an. Et que les gens ont besoin de souffler et d’avoir une vie à côté du boulot.

Depuis votre arrivée, au quotidien vous faites plus ou moins de charrettes qu’à Paris ?

Je dirais moins, mais encore une fois ce n’est pas représentatif de l’agence, mais plutôt de choix personnels.

Est-ce que la « vie d’agence » est plus considérée et développée à Paris ou à New York ?

C’est compliqué de généraliser, chaque agence est différente. Lorsqu’on était chez AKQA Portland, on avait des sorties d’agence de ouf, où l’on passait la journée dans des lacs à se baigner.

À New York, forcément il y a moins de lacs et de montagnes autour, du coup c’est pas vraiment comparable. L’agence est plus grande, donc il a peu d’évènements avec tout le monde. Les départements font des choses entre eux. Depuis qu’on est arrivés en janvier, on n’a pas encore eu la chance d’avoir de soirée avec toute l’agence.

Productivité créative : à chaque brief, on a plus de temps pour trouver des idées à Paris ou à New York ?

De manière générale, je pense qu’on a plus de temps à Paris. Ici, on a parfois 48 heures pour résoudre de gros briefs…

 

Les salaires en agence à New York

Est-ce qu’à job égal et compte tenu du coût de la vie sur place, les salaires vous semblent-ils plus élevés qu’en France ?

Beaucoup plus élevés. En France, il y a un syndrome de mal payer les créatifs et de les mettre au smic les premières années. Dans les pays anglo saxons, il y a un plus grand respect pour le travail des créatifs, mais ce n’est pas la seule explication : les agences ici ont plus d’argent qu’en France et le marché du travail est beaucoup plus dynamique.

Ici, les créatifs restent 1 an ou 2 dans chaque agence et négocient régulièrement LEUR salaire.

Retrouver du travail n’est pas aussi compliqué qu’en France, donc les créatifs sont plus exigeants sur leur salaire. C’est la loi de l’offre et de la demande, mais inversée par rapport à la France.

Les publicitaires ont-ils un meilleur niveau de vie à New York ?

Bien meilleur, c’est incomparable.

 

Conseils pour les créatifs français 

Vos conseils pour les français qui voudraient partir à New York ?

Notre devise a toujours été « qui ne tente rien n’a rien ». Osez écrire, postulez, fixez-vous l’objectif de partir d’ici un an et tenez vous-y. Et si les visas vous font peur, essayez de bouger dans une agence de votre réseau à l’étranger ou encore mieux, partez en Europe.

N’ayez pas peur de ne pas être assez bon, les français sont bien meilleurs qu’ils ne le pensent.

Et n’ayez pas peur de ne pas assez bien parler anglais. Les français ont un gros complexe d’infériorité et c’est bien dommage. Lancez-vous et soyez curieux.

Merci à Cécile et Pieyre-Alexandre, leur expérience nous donne 2 aperçus très différents !

 

Le parcours de Cécile et Pieyre-Alexandre

Cécile Pimont et Pieyre-Alexandre Treuil se sont rencontrés à Sup de Création à Roubaix. Après avoir travaillé chez CLM BBDO, Herezie et BETC Digital ils se sont mis en team pour partir chez AKQA Portland en 2014. Ils travaillent actuellement chez TBWA\ à New York en tant que team créatif senior.

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